Association Européenne de Sauvetage en Mer Méditerranée
SOS MEDITERRANEE – France
BP 50355 // 13177 MARSEILLE CEDEX 20
Aquarius :
Ne laissons pas le pavillon de l’indifférence flotter en Méditerranée
LE MONDE 10.10.2018 Laurent Gaudé (écrivain)
Abonnez vous à partir de 1 €
L’écrivain Laurent Gaudé juge, dans une tribune au « Monde », que le silence de l’Europe sur le blocage du navire humanitaire est « une défaite profonde face aux populismes ».
Tribune. Il en est malheureusement souvent ainsi : à défaut de trouver une solution à un problème complexe, on cherche à le rendre invisible. Mais faire disparaître n’est pas résoudre. Le phénomène migratoire de ces dernières années a ouvert une crise profonde en Europe, à ce jour irrésolue. Une fracture se dessine entre les pays favorables à une politique résolument intransigeante et des gouvernements plus ouverts mais terrifiés par l’impact que pourrait avoir un discours conciliant sur leurs électeurs.
D’un côté, la haine, de l’autre, la prudence. Dans ce contexte de confusion politique, une initiative civile est venue apporter une réponse à la crise humanitaire qui se joue en Méditerranée. Elle est modeste. Elle est fragile. Elle fait ce qu’elle peut. Mais elle a du sens et, surtout, elle sauve des vies. L’Aquarius est notre Antigone. Le bateau humanitaire nous rappelle qu’il existe des lois non écrites, vieilles comme l’humanité, qu’on ne peut oublier sans se perdre soi-même. Ne pas laisser mourir quelqu’un en mer est l’une de ces lois.
Errance humanitaire
Au début de son action, l’Aquarius a été loué. Puis, au fur et à mesure que passaient les mois, de plus en plus critiqué. Le bras de fer s’est durci avec l’arrivée du chef de file de la Ligue (extrême droite) Matteo Salvini au gouvernement de l’Italie. Le ministre de l’intérieur transalpin a commencé par lui refuser l’accès aux ports du pays, créant ainsi les conditions scandaleuses d’une errance humanitaire.
Depuis cet été, une nouvelle stratégie est apparue. En août, l’Aquarius a perdu le pavillon de Gibraltar. Il a dû trouver une solution pour pouvoir continuer sa mission : le pavillon panaméen. Mais, rebondissement, en septembre, le Panama, à son tour, déclare qu’il a l’intention de retirer au navire son pavillon.
Pourquoi donc ? Qu’est-ce qui a provoqué ce revirement ? 23 % de la flotte de la marine marchande mondiale bat pavillon…
Lire la suite sur le journal, lien sous le titre.