LE CENTRE DE RETENTION ADMINISTRATIVE VINCENNES
par l'observatoire Citoyen du CRA de Vincennes
Un Centre de Rétention Administrative (CRA) est un lieu fermé, gardé par des policiers ou des gendarmes; C'est un lieu d'enfermement dans lequel sont amenés les étrangers qui ne peuvent justifier d'une situation régulière en France. Ils y sont enfermés, gardés en rétention, uniquement parcequ'ils n'ont pas de papiers en règle, alors qu'ils n'ont commis aucun délit.
L'étranger est enfermé pour ne pas échapper à son expulsion décidée par la préfecture.
Expulser est la "vocation" unique d'un CRA ; expulser vers le pays d'origine, vers un pays que l'étranger a quitté depuis parfois de très nombreuses années, expulser des hommes ou des femmes qui laissent parfois en France de la famille, des enfants.
La vie du retenu, ce qui lui arrive au quotidien et son avenir, tout est sous le signe de l'arbitraire : arbitraire parfois, dans l'attitude des policiers et du corps médical, dans celle des autres retenus à son égard, dans la décision des juges, de la présidence de cour d'appel, du consul.
Initialement créés en 1984 par le président François Mitterrand qui disait vouloir mettre un termeaux rétentions illégales pratiquées dans les commissariats, les prisons, voire dans des hangars comme au port de Marseille, les Centres de Rétention Administratives (CRA) ont été multipliés sur tout le territoire et les conditions d’enfermement n’ont cessé de s’aggraver.
Ces centres sont gardés par la police ou la gendarmerie nationale et la presse n’y a pas accès.
C’est pourquoi nous, citoyen-ne-s de divers horizons,
mais ayant en commun le souci des droits de l’Homme,
le souci de ce que vivent les étrangers en situation irrégulière,
habitant à proximité du CRA de Paris-Vincennes,
nous sommes regroupés en Observatoire Citoyen du CRA de Vincennes.
Concrètement, nous visitons les retenus qui souhaitent nous parler de leur histoire et de leur vieau CRA pour :
- témoigner, à l’extérieur, d’une réalité peu connue, si ce n’est inconnue, de nos concitoyens ;
- apporter un peu « d’air extérieur » à des personnes privées de liberté, leur témoigner notre fraternité et
- exprimer notre désaccord avec cette pratique de la rétention ;
- exercer notre vigilance citoyenne pour rappeler que, si les retenus sont privés de liberté, tous leurs autres droits doivent être garantis et respectés.
De ces visites, nous faisons des comptes rendus, dont vous pourrez lire dans ce blog des extraits, anonymes bien entendu (les prénoms ont été changés).
Ils ne concernent qu’une petite partie des retenus, car nous sommes malheureusement trop peu nombreux pour visiter tous ceux qui le souhaiteraient.
Par ailleurs, nous ne voyons que des retenus qui peuvent s’exprimer en français.
Néanmoins, nous dégageons quelques constantes.
Ainsi, les retenus nous font part régulièrement :
- d’un sentiment d’injustice face à cette privation de liberté, alors qu’ils n’ont pas commis dedélit ;
- d’un sentiment d’arbitraire face aux autorités tant policières, médicales que judiciaires ;
- de leur angoisse face à l’incertitude de la fin de cette rétention : elle peut durer jusqu’à 45 jours,elle peut parfois se terminer par une libération, mais aussi par une expulsion et un retour forcédans un pays où la vie était difficile et où ils n’ont parfois plus aucune attache ; ainsi, certains sont-ils depuis plus de 10 ou 20 ans en France, y travaillent, y ont une famille en situationrégulière ;
- des conditions très difficiles de vie au CRA : mauvaise nourriture, angoisse, insomnies, médicalisation importante ;
- des tentatives de suicide et des automutilations, qui ne sont pas rares.
Les témoignages publiés sur notre blog,http://cra123vincennes.blogspot.fr/
recueillis lors de nos visites, donnent un aperçu de cette situation de violence et des drames humains qu’elle provoque chez les retenus comme dans leur famille (conjoints séparés, enfants privés de leurs parents).
Aller simple: «J’ai rien fait... Pourquoi la prison?»
Les gouvernements changent, les politiques migratoires
restent...
Histoires vraies de vies enfermées en centres de rétention.
Source : Rue89 (Blog Histoires de rétention)
par Puntilla (Via le site de RESF - 13 mars 2013)