Appel au Président de la République
et à tous les élus
Contre les naufrages en Méditerranée :
des ponts, pas des murs !
Après les naufrages qui, en Méditerranée, ont provoqué la mort et la disparition d’au moins 2.000 personnes depuis le début de l’année, les chefs d’Etat réunis lors du Sommet extraordinaire de l’Union européenne le 23 avril ont fait le choix non de sauver des vies mais de renforcer un arsenal sécuritaire en grande partie responsable de ces drames.
En vingt ans, plus de 20 000 personnes migrantes sont mortes aux frontières de l’Europe : nos organisations sont consternées par cette politique de non-assistance à personnes en danger.
Face à ces renonciations répétées aux valeurs fondatrices de l’Union européenne, nous appelons le Président de la République française et ses homologues européens à mettre en œuvre une autre politique, qui soit conforme au respect de la vie et de la dignité humaine.
A cette fin, nos organisations exhortent les Etats membres, dont la France :
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A mettre en œuvre sans délai une véritable opération de sauvetage en mer,
dotée de moyens à la hauteur des besoins et portée par l’ensemble des Etats membres,
àmême de prévenir les naufrages et de secourir efficacement toute personne en détresse.
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A mettre en place un mécanisme d’accueil des personnes migrantes et réfugiées
sur la base de la solidarité entre Etats membres, en activant en particulier le dispositif prévu
par la directiveeuropéenne du 20 juillet 2001 relative à la protection temporaire
en cas d'afflux de personnes déplacées.
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A ouvrir des voies d’accès au territoire européen pour les personnes migrantes
et réfugiées, dans le respect du droit international et européen.
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A bannir en matière de migrations toute coopération avec des Etats tiers, d’origine
et de transit, qui ne respectent pas les libertés et droits fondamentaux.
La situation exige que l’ensemble des élus locaux, nationaux et européens, prennent leurs responsabilités en participant concrètement à la mise en œuvre de ces solutions.
Nous demandons à rencontrer le Président de la République pour que s’ouvre enfin un dialogue sur les politiques migratoires avec nos organisations représentant la société civile.
6 mai 2015
Organisations signataires :
4D, ACAT France, Acceptess-T, ACORT(Association citoyenne des originaires de Turquie), Action Tunisienne, ADA-Accueil Demandeurs d'Asiles, ADDE (Avocats pour la Défense des Droits des Etrangers), ADTF (association Démocratique Tunisienne de France), AFA (Association Française des anthropologues), AEDH, AFEA (Association française d'ethnologie et d'anthropologie), Ailes – Femmes du Maroc, AMF, Amnesty International France, les Amoureux au ban public (national), les Amoureux au ban public Bretagne, Anafé, Ardhis, ATF, ATMF (Association des Travailleurs Maghrébins de France), ASEFRR (Association de Solidarité en Essonne avec les Familles Roumaines), ASSFAM, ATTAC, Avocats pour la Défense des Droits des Etrangers,
CASAS (Collectif pour l'Accueil des Solliciteurs d'Asile à Strasbourg), CCFD Terre-Solidaire, CEDETIM (Centre d'Etudes et d'Initiatives pour la solidarité internationale), Centre LGBT Paris Île-de-France,Centre Primo Levi, la Cimade, CISP75, CISP93, CISPM (Coalition internationale des Sans-papier Migrants), Collectif "Le Cercle de Résistance", Collectif les Engraineurs, Collectif pour une autre politique migratoire de Strasbourg, Collectif de soutien aux migrants sud Aveyron, Collectif UCIJ, le COMEDE, CRID, DIEL (Droits Ici et Là-bas), Dom’Asile, Droits Devant !, ELENA-France, Emmaüs Europe, Emmaüs France, Emmaüs International, Enda Europe, FASTI, FIDH, FNARS (Fédération des Associations d'Accueil et de Réinsertion Sociale), Fondation France Libertés, FORIM, Français Langue d’Accueil, France Amérique Latine, FTCR, GISTI, Hors la Rue, IPAM (Initiatives pour un Autre Monde), JRS France, La maison ouverte de Montreuil, Ligue des Droits de l’Homme, Médecins du Monde, Mouvement Utopia, MRAP, PEROU (Pôle d'Exploration des Ressources Urbaines), Plateforme "Tenons et mortaises, un monde à faire venir", O.C.U. (Organisation pour une Citoyenneté Universelle), R.C.I. (Réseau chrétien-Immigrés), REMDH (Réseau Euro-Méditerranéen des Droits de l’Homme), RESF, Réseau Féministe « Rupture », Réseau Foi et Justice Afrique Europe, Réseau Immigration Développement Démocratie - IDD, Réseau Migreurop, la Revue d’Histoire « Cahiers d’Histoire », Revue « Multitudes », RITIMO, Romeurop, Roussillon-Maghreb, SAMU Social de Paris, Santé Sud, Secours Catholique – Caritas France, Scribest, Si les femmes comptaient, Société Européenne des Auteurs, SOS Migrants (Belgique), le Syndicat de la Magistrature, Terre d’Errance, Union Syndicale de la Psychiatrie, Union Syndicale Solidaire, Watch the Med – Alarm Phone
DES PONTS PAS DES MURS
Le réseau Des Ponts Pas Des Murs (DPPDM) a été fondé en 2008, suite à un sommet citoyen réunissant 34 pays à l’occasion de la Présidence française du Conseil de l’Union Européenne. En effet, devant l’urgence d’une réponse collective face à l’instauration d’accords dits de « gestion concertée des flux migratoires et de co-développement », la nécessité de s’organiser en réseau a poussé le groupe "migrations" du CRID à prendre cette initiative.
Des Ponts Pas Des Murs est constitué d’associations de défense des droits de l’Homme, d’associations de solidarité internationale, d’associations de migrant-e-s et de soutien aux migrant-e-s, ainsi que d’organisations syndicales. En 2014, le réseau DPPDM France regroupe une quinzaine d’organisations : ATTAC, CCFD Terre-Solidaire, Cimade, CRID, Emmaüs International, FASTI, France Amérique Latine, FSU, GRDR, IDD, IPAM, Mouvement de la Paix, Réseau Foi et Justice Afrique-Europe, RESF, Secours Catholique.
Pour ce réseau, les migrations sont depuis toujours un phénomène humain et constituent un apport social, culturel et économique inestimable. Cet apport, pourtant historiquement reconnu, est occulté au profit d’impératifs sécuritaires et économiques qui traduisent une défiance et une suspicion généralisées vis à vis de « l’étranger-e ». Cette radicalisation et cette crispation sur les aspects sécuritaires sont contraires aux valeurs emblématiques de l’Union européenne : démocratie, respect des droits de l’Homme et libre circulation. Les migrant-e-s sont avant tout des femmes, des hommes et des enfants qui ont des droits. Ces derniers ne peuvent pas être niés au seul prétexte de l’absence de papiers.
Aussi, depuis sa création, Des Ponts Pas Des Murs dénonce la mise en place des politiques européennes de lutte contre l’immigration dite clandestine qui occasionnent de graves violations des droits des personnes migrantes, ainsi que l’instrumentalisation des politiques publiques de développement aux fins de restreindre la liberté de circulation des personnes.
Par ailleurs, pour la plate-forme nationale DPPDM, la question des migrations internationales combine plusieurs approches : les droits des migrant-e-s dans le respect de l’égalité des droits ; les rapports entre migrations et développement ;les migrations environnementales ; la gouvernance mondiale des migrations et la liberté de circulation. L’articulation entre ces approches, complémentaires et parfois contradictoires, constitue la démarche des mouvements sociaux et citoyens qui composent les Forums sociaux mondiaux.