2008
Lettre N°1 lue par
Jeanne Moreau
Monsieur le ministre Hortefeux, il fait froid, c'est l'hiver. J'ai honte de ce froid, de cet hiver que vous vous acharnez à prolonger jusqu'à la vilainie. Cela fait plus d'un an que jour après jour, ce froid et cet hiver envahissent les villes et les campagnes de notre pays, autrefois pays d'espoir et de vie. C'est en ma qualité de citoyenne française, plus que jamais attachée à la liberte, à l'égalité et à la fraternité, que j'ai le devoir de vous rappeler que vous n'avez pas, Monsieur le ministre, le droit de vie ou de mort sur des hommes et des femmes, ou des enfants, qui travaillent, vivent, étudient, ici en France, pays aujourd'hui déshonoré. Ma honte et notre déshonneur dont vous êtes l'un des grands responsables deviennent plus profonds quand je me souviens de ce moment fraternel sur un quai de marseille après la guerre en Algérie. Nous faisions file pour embarquer sur Eldjazaire. Je me rendais dans ce pays. Devant moi un travailleur Algérien revenait passer ses vacances au pays, il s'est retourné vers moi, a ouvert ses bras et m'a dit « soyez la bienvenue en Algérie ». Monsieur le ministre, la honte est une affaire de coeur, le déshonneur une affaire civile. Je pense à ce monsieur Algérien et j'ai honte. J'ai honte aussi pour vous qui refusez à son fils ou sa fille d'être mon voisin ou ma voisine. Vous déshonorez à coup de furtives lois minables le sens de la république et de ma civilité. Je ne vous salue pas. Il fait très froid cet hiver.
Paula Albouz
Lettre N°2 lue par
Jeanne Moreau
Monsieur le ministre, de tous temps, l'une des caractéristiques fondamentales des êtres humains est qu'ils se déplacent. Aujourd'hui 175 Millions d'hommes et de femmes résident en dehors de leur pays d'origine. Nous vivons dans un pays où des gens ont tellement peur des policiers qu'ils sautent par la fenêtre pour leur échapper alors qu'ils n'ont rien à se reprocher. C'est arrivé 6 fois en 3 mois et cela arrive encore. Ils étaient venus ici pour fuir la guerre, la répression ou la misère. Leur seul tort c'est d'avoir eu le courage de tout quitter pour avoir une vie meilleure et au lieu de les aider, de les protéger, notre pays les pourchasse et les expulse. J'ai honte. Et nous sommes certainement nombreux à avoir honte de cette violence quotidienne faite en notre nom aux Etrangers. Cette violence déshonore ceux qui la décident, ceux qui la mettent en oeuvre, mais aussi ceux qui laissent faire et ceux qui taisent. Chacun devrait hurler pour que de telles tragédies ne puissent plus se produire en France et partout dans le monde. Pour que jamais nous nous habituions à l'inacceptable. Chacun devrait hurler pour que notre société ne tourne pas définitivement le dos à la solidarité et à la fraternité.
Brigitte Wieser