Lycéens à la rue !


La FIDL interpelle Anne Hidalgo,

Maire de Paris

par une lettre ouverte.


Madame la Maire de Paris,

Nous vous interpellons sur une situation de détresse.

Des centaines de lycéens dorment dans la rue et le froid le soir, rien que sur Paris et sa proche banlieue.

Ces lycéens que nous côtoyons quand nous sommes en cours la journée n’ont nulle part où rentrer dormir au chaud le soir.

Seuls et livrés à eux-mêmes, ils sont en danger !


Nous vous demandons de comprendre la détresse de ces jeunes isolés, sans ressources. Nous vous demandons de comprendre les nuits sans fins qui s’enchaînent pour eux, jour après jour.

La galère d’entreposer des sacs de vêtements à droite et à gauche, de trouver des espaces où se laver, boire un café, ou simplement parler.

Comprenez leur fatigue et la souffrance que peut engendrer la vie dans la rue. Écoutez ce qu’ils ont à dire, les nuits qu’ils passent à déambuler de peur de s’endormir trop longtemps et de ne pas se réveiller.

Pour certains, cette vie dure depuis des semaines voire des mois, mais une chose est sure : l’hiver arrive.


Malheureusement, se loger n’est pas leur seul problème, loin de là ! Manger est aussi une difficulté du quotidien pour eux.

Oui, des lycéens vont en cours mais ont souvent le ventre vide !

Il arrive que des professeurs ou des personnes solidaires arrivent à leur négocier un accès gratuit à cantine mais ce n’est pas vrai pour la majorité.

On ne peut pas vivre normalement avec 5 repas par semaine, on ne peut pas écouter, apprendre et étudier le ventre vide…


Avoir faim ponctuellement est une chose mais ne pas manger suffisamment et être à la rue le soir pendant des mois en est une autre.

Pour certains, le manque d’accès aux soins de base les laisse avec des maux, des maladies ou des blessures non soignées.

Pour d’autres, cette précarité extrême, la faim et la fatigue les conduisent à une sous-nutrition, à l’épuisement ils doivent parfois être hospitalisés. Ces lycéens sont en danger !


Nous ne comprenons pas pourquoi aujourd’hui, en 2014, des lycéens sont isolés, seuls, abandonnés, alors-même qu’ils étudient et vont en cours.

Ces lycéens veulent un avenir, ils ont des projets et se démènent pour étudier au mieux. Ils croient en l’éducation mais notre pays croit-il en eux ?


Il y a une semaine nous avons décidé de placer sous notre protection ces lycéens en danger que nous avons rencontrés.

Nous les hébergeons et avons organisé un appel à la solidarité pour leur permettre de manger, de leur payer des tickets de transport pour le lycée ou encore de trouver de nouveaux vêtements.

Mais nous n’avons ni la vocation ni les moyens de nous substituer à l’État, cette situation ne peut être que provisoire.


Madame Hidalgo, cela fait une semaine que nous trouvons porte close face à ce sujet.

Nous vous demandons de trouver une solution ou de nous rencontrer au plus vite !

Votre ville ne peut pas laisser des lycéens comme nous contraints d’héberger d’autres lycéens à la place de l’État.

Ou alors, cela voudrait dire que le monde des adultes est vraiment défaillant…


Dans l’attente d’une réponse, nous continuons donc à installer les matelas et à préparer des plats pour 20 camarades.

C’est sympa, mais pas trop longtemps…



Bien cordialement.

Les lycéens de la FIDL, le syndicat lycéen.

21-10-2014